Né de deux parents aimants à Atalante, Danh était destiné à être le plus épanoui des gamins. A peine trois ans et il découvrait déjà le plaisir d’être grand frère. Grand frère... ce titre que ses parents avaient attendu pendant trois longues années.

Danh, étant enfant, posait beaucoup de questions. Il était curieux et aimait contrôler les choses et ne supportait pas être ignorant. Il avait également déjà pu exploiter son pouvoir curatif sur quelques animaux. Des insectes ou des oiseaux mais rien qui puisse être très gros. Danh avait pris goût et contrôlait parfaitement le peu de puissance qu’il commençait à avoir. Il adorait ça, lui, sauver des animaux à l’agonie mais il ne savait pas que plus il usait de son grand cœur, plus il usait également de son énergie. C’est alors âgé de quatre ans qu’il perdit ses parents; une sorte de bombe qui les aurait gravement touchés. Haut comme trois pommes, le petit Danh a voulu sauver ses parents, se disant que ses prodigieuses petites mains auraient pu leur éviter cet énorme drame. Mais le destin avait parlé, il était encore trop faible et il devait maintenant porter le fardeau d’être le responsable de l’orphelinat de son petit frère.

L’aîné des deux frères ne vivait maintenant que pour son cadet. Une promesse qu’il s’était fait à lui-même alors qu’il n’avait pas cinq ans. S’il n’avait pas pu sauver ses parents, il pouvait au moins protéger son frère. Il menait à bien ce serment pendant neuf longues années passées aux côtés d’enfants bruyants et dérangés. Danh prenait soin de son petit protégé mais le sort s’abattu de nouveau sur lui et sur son équilibre. A treize ans, il vit son frère emmener, on lui avait promis qu’il reviendrait mais, évidemment, ce n’étaient que des mensonges. Des mensonges et encore des mensonges. Sa raison de vivre envolée, son cœur brisé, son âme détruite et brûlée. Il en voulut au monde entier.

Un enfant meurtri, un enfant muet, un enfant sans goût à la vie, c’est ce qu’il est devenu. Un enfant du malheur. Il a  appris à forger sa peine et sa douleur en grandissant, son pouvoir l’aidait comme le détruisait. Il se sentait utile, il allait mieux mais la fatigue était plus prenante, plus oppressante, il s’affaiblissait de jour en jour et son mal psychologique se changea en mal physique. Il n’arrivait plus à rien et est resté de longs mois à devoir se reposer. Pourtant lorsqu’il atteint l’âge de seize ans, Danh avait déjà choisi son camp; les Gula. Le risque, l’adrénaline. Il lui en fallait, il devait vivre avec. Il ne supportait plus ne rien faire, il voulait bouger et ce au péril de sa vie car, au fond, il n’avait plus aucune raison de vivre depuis que ses treize ans ont sonné.

Maintenant vingt-trois ans et Danh, destiné à être un gamin épanoui, n’était qu’un garçon fade et vide de sens au sourire angélique et aux mains magiques.