C’est avec la bouche pâteuse et un mal de crâne indescriptible que mes yeux s’ouvrirent doucement, tentant de s’habituer, tant bien que mal, à la luminosité présente dans la pièce. En quelques secondes, les souvenirs de la veille défilèrent sous mes yeux, tel un film qui n’était pas le mien alors que malheureusement, c’était le cas. Me levant rapidement, peut-être trop rapidement, je me donnais quelques coups sur la tête, énervée.  « Mais qu’est-ce que j’ai fait ? » me répétais-je plusieurs fois, tout en continuant à me donner quelques coups sur le crâne. Mais pourquoi ? Pourquoi moi ? Pourquoi le sort s’était-il autant acharné sur ma pauvre personne ? Pourquoi est-ce que j’avais autant bu et surtout pourquoi est-ce que j’étais partie raconter toute ma vie à un banal inconnu ? C’était catastrophique, ma vie était finie. J’avais révélé un secret que j’étais parvenue à conserver pendant plusieurs années et il avait fallu d’une goutte en trop d’alcool pour faiblir. Je m’en voulais terriblement. Il fallait que je règle cet énorme problème, il fallait que je trouve cet inconnu et il fallait que je le fasse taire à jamais. Bien sûr, je n’allais pas le tuer, je n’avais jamais tué personne et ce n’était pas maintenant que j’allais le faire. Il fallait que je trouve juste une solution à mon problème, à tout problème il y avait une solution, c’était connu, donc j’allais trouver.

Je me préparais rapidement, prenant juste une douche et essayant de faire quelque chose avec mon visage bouffi par l’alcool. Heureusement que cet inconnu m’avait ramené jusqu’à la chambre de mon frère, et qu’il n’était pas rentré hier soir, car j’aurai eu de nombreux problèmes si de un j’avais fini chez un inconnu et de deux, si mon frère m’avait vu dans un tel état, même si c’était de sa faute si j’avais fini ainsi. Si seulement hier soir il avait pris la peine d’écouter sa petite sœur, si seulement hier soir il ne m’avait pas déçu encore une fois, me ainsi très triste, pour ne pas changer depuis quelques temps, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais c’était aussi entièrement de ma faute. Au lieu de boire pour plonger mon chagrin, j’aurai mieux fait de rentrer chez moi ou encore de me défouler sur autre chose, mais pas dans l’alcool. Maintenant, je connaissais les conséquences désastreuses lorsque je buvais trop, je savais à quoi m’attendre et je n’allais plus faire une telle erreur. Me regardant une dernière fois dans le regard, j’esquissais un petit sourire, j’étais fin prête pour affronter cet inconnu.

Descendant prudemment jusqu’au bar de mes souvenirs, une paire de lunettes sur mes yeux, je scrutais les alentours, essayant d’apercevoir le visage de cet inconnu. J’espérais avoir bonne mémoire et me souvenir de son visage car je devais avouer que cela restait quand même assez flou et vague. Ce n’est qu’après quelques minutes à inspecter du regard que je finis par le trouver. Je sursautais de peur, surprise, et m’approchais doucement de lui, l’air détaché, bombant le torse. Je m’installais sur le comptoir et raclais plusieurs fois ma gorge, pour lui signaler ma présence.

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